Santé mentale, quand les femmes prennent la parole et brisent les tabous

San­té men­tale : quand les femmes pren­nent la parole et brisent les tabous
Longtemps ignorée, la san­té men­tale des femmes africaines s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur de société. Entre poids des tra­di­tions, stig­ma­ti­sa­tion et manque de struc­tures, les femmes osent désor­mais par­ler, témoign­er et agir pour leur bien-être psy­chique. Bobea donne la parole à celles qui brisent les tabous et explore les solu­tions pour une meilleure prise en charge.

Un tabou tenace mais des voix qui s’élèvent

En Afrique, la san­té men­tale est sou­vent entourée de silence, de honte et de préjugés. Dépres­sion, anx­iété, stress post-trau­ma­tique, trou­bles ali­men­taires ou burn-out mater­nel sont rarement évo­qués dans l’espace pub­lic. Pour­tant, les femmes sont par­ti­c­ulière­ment exposées à ces souf­frances, en rai­son de la pré­car­ité, des vio­lences, de la charge men­tale famil­iale et du manque de recon­nais­sance sociale.

Ces dernières années, un mou­ve­ment de libéra­tion de la parole émerge. Des femmes témoignent dans les médias, sur les réseaux soci­aux ou lors de con­férences, brisant le silence et encour­ageant d’autres à deman­der de l’aide. Des hash­tags comme #Par­lon­sEn, #San­té­Men­tale­Femmes ou #Briser­LeTabou rassem­blent des mil­liers de témoignages et de mes­sages de sou­tien.

Les caus­es spé­ci­fiques chez les femmes africaines

  • Vio­lences domes­tiques et sex­uelles : Les vio­lences subies lais­sent sou­vent des séquelles psy­chologiques pro­fondes.
  • Pré­car­ité économique : Le chô­mage, le manque d’autonomie finan­cière et la pau­vreté sont sources de stress chronique.
  • Charge men­tale famil­iale : Les femmes por­tent sou­vent seules la ges­tion du foy­er, des enfants et par­fois des per­son­nes âgées.
  • Pres­sion sociale et cul­turelle : Les attentes liées au mariage, à la mater­nité ou à la réus­site pro­fes­sion­nelle créent une pres­sion con­stante.
  • Tabous autour de la san­té men­tale : Beau­coup de familles cachent la mal­adie ou la min­imisent, préférant par­ler de « faib­lesse » ou de « mau­vais sort ».

Témoignages : « J’ai osé deman­der de l’aide »

Ami­na­ta, 35 ans, Dakar : « Après la nais­sance de mon deux­ième enfant, j’ai som­bré dans une pro­fonde tristesse. J’avais honte d’en par­ler. C’est une amie qui m’a con­seil­lé de con­sul­ter. Aujourd’hui, je témoigne pour que d’autres femmes sachent qu’elles ne sont pas seules. »

Lin­da, 28 ans, Abid­jan : « J’ai été vic­time de har­cèle­ment au tra­vail. J’ai longtemps gardé le silence, jusqu’à ce que je tombe malade. J’ai trou­vé du sou­tien dans un groupe What­sApp de femmes qui parta­gent leurs expéri­ences. »

Les con­séquences du silence

Ignor­er ou cacher la souf­france psy­chique peut avoir des con­séquences graves : isole­ment, perte d’estime de soi, dif­fi­cultés pro­fes­sion­nelles, rup­tures famil­iales, voire pas­sage à l’acte sui­cidaire. Les enfants sont égale­ment impactés, car une mère en détresse a plus de dif­fi­cultés à s’occuper de sa famille.

Les solu­tions émer­gentes

1. Les groupes de parole et réseaux de sou­tien

De plus en plus d’associations, de psy­cho­logues et de coachs organ­isent des groupes de parole, en présen­tiel ou en ligne. Ces espaces per­me­t­tent de partager ses dif­fi­cultés, de recevoir des con­seils et de rompre l’isolement.

2. La for­ma­tion des pro­fes­sion­nels

Des pro­grammes de for­ma­tion à la san­té men­tale sont mis en place pour les médecins, les sages-femmes, les enseignants et les tra­vailleurs soci­aux. L’objectif : mieux repér­er les signes de détresse et ori­en­ter vers les struc­tures adap­tées.

3. Les cam­pagnes de sen­si­bil­i­sa­tion

Des cam­pagnes nationales et locales visent à informer le pub­lic sur la san­té men­tale, à décon­stru­ire les préjugés et à encour­ager la con­sul­ta­tion. Les médias jouent un rôle clé dans cette évo­lu­tion.

4. Le recours aux tech­nolo­gies

Des appli­ca­tions mobiles pro­posent des con­seils, des exer­ci­ces de relax­ation ou des con­sul­ta­tions à dis­tance avec des psy­cho­logues. Ces out­ils sont pré­cieux, surtout dans les zones rurales où les struc­tures sont rares.

Le rôle des réseaux soci­aux

Les réseaux soci­aux sont devenus des espaces de libéra­tion de la parole. Des influ­enceuses, des médecins et des sur­vivantes y parta­gent leurs his­toires, leurs con­seils et leurs ressources. Les groupes privés per­me­t­tent de dis­cuter anonymement, de se soutenir et de s’informer sur les démarch­es à suiv­re.

Les défis à relever

  • Lut­ter con­tre la stig­ma­ti­sa­tion : Il faut con­tin­uer à par­ler, à sen­si­bilis­er et à mon­tr­er que la san­té men­tale est une com­posante essen­tielle du bien-être.
  • Dévelop­per l’offre de soins : Il manque encore cru­elle­ment de psy­cho­logues, de psy­chi­a­tres et de struc­tures spé­cial­isées acces­si­bles à toutes.
  • Soutenir les aidantes : Les femmes qui pren­nent soin de proches malades ou en détresse doivent aus­si être accom­pa­g­nées.

Con­clu­sion

La san­té men­tale des femmes africaines est un enjeu de san­té publique. En brisant les tabous, en témoignant et en s’entraidant, les femmes ouvrent la voie à une prise en charge plus humaine, plus acces­si­ble et plus effi­cace. Chez Bobea, nous salu­ons le courage de celles qui osent par­ler et agir pour leur bien-être et celui de leur com­mu­nauté.

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