

Je suis un congolaise et je vis au Canada. Cela fait 11 ans que, je suis arrivée au canada, j’ai fini mes études. Je suis actuellement travailleuse sociale et je m’occupe des personnes handicapées ; je travaille dur, mais je peux dire que je m’en sors bien. Vous savez la Canada, c’est dur au départ, mais si on travaille et si on accepte de refaire un parcours scolaire, on finit par y arriver.
Ma petite sœur Ménaka est venue me rejoindre
J’ai donc réussi à avoir la nationalité canadienne. Grâce à mon bon salaire, et mon nouveau statut, j’ai fait venir ma petite sœur avec de Kinshasa. Il faut préciser que Ménaka est ce que les européens appellent « demie sœur », nous en Afrique nous disons « une sœur » ; puisque elle est la fille de mon père, avec sa 2e épouse. Cela na pas été facile entre mes occupations et les papiers à fournir. Sans compter les garanties financières ; je dois avouer que je me suis réellement ruinée par cette affaire. Mais grâce au soutien de mon mari, un métis africain et anglais, j’ai réussi, et finalement elle est arrivée, il ya 13 mois au Canada. En la voyant descendre de l’avion a l’aéroport, J’étais folle de joie au point d’oublier tous mes crédits et les démarches toujours humiliantes et des questions trop indiscrètes des agents d’immigration de la province d’Ontario.
Ma sœur dort tout le temps
Tout s’est bien passé et ma petite sœur s’intègre bien dans la vie du Canada. Avec le froid du pays, elle est encore devenue plus belle et son teint a changé en mieux ; Ménaka semble vraiment heureuse, malgré le froid qui est son seul gros problème. Mais que faire d’autre. En principe qui dit Canada dit froid et neige ! Elle doit donc supporter comme moi aussi, au début tout n’a pas été facile : racisme ambiant, vexations, froid polaire, solitude, etc…
Pour qu’elle s’intègre bien je l’ai inscrite dans un cours d’anglais. Cela lui servirait de sésame, pour entrer à l’université et bien continuer sa scolarité, puis faire sa 3eme année de fac. Tout allait pour le mieux désormais ; tout était en place ; la machine était lancée ; Ménaka devenait une jolie petite étudiante canadienne.
Nous sommes rentrées elle et moi dans une belle routine. Le matin je vais au travail, je la laisse avec mon mari qui l’accompagne à son cours d’anglais tous les matins. Voila 7 mois qu’elle est au cours d’anglais ! J’avais juste remarqué que son anglais n’évoluait pas du tout. Alors je en comprenais pas, pourquoi elle ne s adapte aps. Je me faisais un sang d’encre pour elle. Il fallait qu’elle aussi réussisse…pour la famille, pour la gloire de mon père, qui se sacrifiait pour nous payer des études.
Bizarrement Ménaka, semblait entrée dans une sorte de béatitude. Elle s’arrangeait de plus en plus et prenait si bien soins d elle. J’étais si contente de la voir devenir une jolie poupée Barbie noire et lui donnait des sous pour ses toilettes. C’était beau à voir. Moi, je me négligeais un peu. Parce que je manquais de temps ; Je m’étais faite des longs rastas dans un salon et ça me suffisait. Pas le temps entre les deux boulots et la famille à entretenir. Je vivais finalement en mode guerrière. Mais, j’étais si fière de voir ma petite sœur se transformer. Je savais qu’elle allait plaire à pleins de beaux blacks de la place. Elle était bien, sans soucis apparents. Au contraire, elle dormait tout le temps, le portable dans une main, la télécommande dans l’autre.
Merde, Ménaka est enceinte.
Ce matin, je ne vais pas au travail ; c’est ma journée relax. Je ne me sens pas belle. Je vais un peu prendre soins de moi : gym et abdos, fessiers et tout, sur mon tapis. Je regarde la montre, il est 10 heures. Ménaka ne semble pas vouloir se rendre à son cours d’anglais. « Alors, Ménaka, tu n’as pas cours d’anglais ? C’est vendredi ! »
Ma petite sœur est trop cool, pas du tout stressée. Elle me répond naturellement : « Oui, Rossa, je suis un peu fatiguée, je reste la maison. » Je comprends. Et je reprends ma routine des jours sans travail : Repas de midi et films nigérians, de Nollywood, et télenovellas brésiliennes et angolaises que j’adore. La journée se passe bien. Ménaka est couchée, dans sa chambre et écoute en boucles Beyoncé ; tout en dansant et secouant ses fesses comme sa star préférée.
A 16 heures, je suis en maillot et leggings pour aller faire du sport sur mon tapis. Je vais faire un tour dans la chambre de Ménaka pour l’inviter à faire de la gym avec moi. Surprise, elle est quasiment nue et le ventre en l’air, bien ballonné, montre qu’elle est enceinte d’au moins 4 moins ! Je n’en crois pas mes yeux. Je crie et lui dis : « ce n’est pas vrai ! Mais tu es enceinte ! Comment s’est arrivé, dis-moi ! Je crois que je me trompe ! Que j’ai la berlue ! Mon dieu, qu’est ce qui nous arrive chérie! Ce n’est pas possible ; qu’est ce qu’on va faire maintenant ! Papa va devenir fou ! » Et toujours en colère j’enchaine : « je sentais bien qu’il y avait un truc bizarre avec toi, Ménaka ! »
Ménaka se lève et me regarde droit dans les yeux : « oui, je suis enceinte ; et alors ! Ce n’est pas la fin du monde ! » . Je suis stupéfaite par son arrogance et son sang froid. Elle enchaine : « d’ailleurs, estime-toi heureuse, parce que je porte l’enfant de Jon ! »
- Pardon, mais de quel Jon, parles tu ! Pas de Jon mon mari ?
- Oui de Jon, notre Jon ! il avait promis de t’en parler ; il veut divorcer ! Nous nous aimons et il veut m’épouser ! Moi, je ne veux pas qu’il divorce, je veux qu’on forme une grande famille tous les 4 quatre. Jonas va naitre en Avril.
Je ne savais plus que dire ; je suffoquais et je pleurais. Elle semblait si forte, défiante, me regardant toujours droit dans les yeux, avec presque du mépris.
« Rossa, excuses-moi mais les hommes aiment qu’on s’occupe d’eux au lit ! Tu ne fais que travailler ; Jon en avait marre. Heureusement que je l’ai retenu à la maison, il a faillit te quitter. Et partir avec une autre. Je suis arrive juste à temps. »
- Je refuse de t’écouter ; tu es devenue folle ! Ménaka , tu vas repartir directement au Congo
- Tu veux blaguer ; il ne t’aime plus vraiment. Tu ferais bien de te calmer. Jon ne te supporte plus. Je ne veux pas te chasser de la maison. Nous allons être tous heureux ici. Il ya de la place pour tout le monde ! tu reste ma sœur même si nous partageons le même homme. »
Voila mon histoire. Je me retrouve étrangère chez moi. J’ai maigri et je suis tombée malade. J’ai même perdu mon travail car je n’assurais plus. Ma petite sœur se propose de m’héberger et de vivre sous le même toit que mon mari…Qui peut comprendre ca ! A l’aide, je deviens folle.
Rossa, congolaise du Canada.