Amanda Bono

Amanda Bono

Rédactrice en chef Bobéa

Les travailleurs du monde entier sont impatients d’attendre le jour de paie. Cependant, tandis qu’un salaire peut susciter un sentiment de soulagement, de satisfaction ou de joie, il peut également représenter une forme d’injustice, un rappel brutal des inégalités persistantes entre les femmes et les hommes sur le lieu de travail.


La différence de salaire entre les femmes et les hommes est de 20 %, ce qui signifie que les femmes actives gagnent 80 % de ce que gagnent les hommes. Cet écart est encore plus important pour les femmes de couleur, migrantes, handicapées ou qui ont des enfants.
Les femmes, leur famille et les sociétés subissent des effets négatifs réels au quotidien en raison des disparités salariales cumulées, en particulier pendant les périodes de crise.

Jusqu’à 95 millions de personnes ont été placées dans une pauvreté extrême en raison des effets prolongés de la COVID-19, et une femme sur dix à l’échelle mondiale vit dans une pauvreté extrême. D’ici 2030, 342,4 millions de femmes et de filles vivront avec moins de 2,15 $ par jour.

Qu’est-ce qu’un salaire égal pour un travail d’une valeur égale?


La Convention de l’OIT sur l’égalité de rémunération définit un salaire égal pour un travail de valeur égale comme permettant à tous les travailleurs de percevoir une rémunération égale non seulement pour des tâches similaires, mais également pour des tâches différentes considérées comme de valeur égale. Cette distinction est cruciale car les emplois occupés par les femmes et par les hommes peuvent impliquer divers types de qualifications, de compétences, de responsabilités ou de conditions de travail tout en revêtant une valeur égale, ce qui justifie un salaire égal.

En 2020, la Nouvelle-Zélande a adopté un projet de loi portant amendement de la loi sur l’égalité salariale afin de garantir que les femmes et les hommes perçoivent des salaires égaux pour des tâches différentes mais de valeur égale, notamment dans les industries dominées par les femmes et où ces dernières sont chroniquement sous-payées.

Des différences salariales persistantes


L’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est le résultat d’inégalités profondément ancrées. Dans le secteur informel, les femmes sont surreprésentées, en particulier les femmes migrantes. Regardez autour de vous : des boutiques de rue aux services domestiques, des employés de café et l’agriculture de subsistance. Les emplois informels occupés par les femmes sont souvent ignorés par les lois du travail, les piégeant dans des environnements de travail dangereux et peu rémunérés sans avantages sociaux. L’écart salarial entre les sexes est maintenu par ces conditions de travail défavorables pour les femmes actives.

À l’échelle mondiale, les femmes consacrent trois heures de plus que les hommes à des tâches de soins non payées.

La pénalisation des mères aggrave les inégalités salariales car les mères actives perçoivent des salaires inférieurs, une disparité qui augmente avec le nombre d’enfants qu’une femme a. Le niveau de paie inférieur des mères est lié à des horaires de travail limités, au fait qu’elles occupent des emplois qui leur permettent de s’occuper de leur famille mais qui sont moins bien rémunérés, aux décisions de recrutement et de promotion qui pénalisent les mères dans leurs perspectives de carrière, et à l’absence de programmes visant à soutenir le retour des mères au travail après une période d’absence de marché du travail.

L’Équité salariale : Un défi urgent à relever


L’équité salariale est cruciale car la situation actuelle reflète une injustice flagrante et des millions de femmes et de familles sont contraintes de vivre dans une pauvreté persistante sans aucune opportunité. D’ici 2030, nous risquons de laisser plus de 340 millions de femmes et de filles dans une pauvreté désastreuse, dont une proportion préoccupante de 4 % pourraient faire face à une insécurité alimentaire extrême.

Le niveau de couverture sociale des femmes est également inférieur à celui des hommes, ce qui reflète et reproduit largement les taux inférieurs de participation des femmes à la main-d’œuvre ainsi que leur plus grande occupation d’emplois temporaires, précaires et informels. Tous ces facteurs contribuent à des niveaux de revenus, d’épargne et de pension de retraite inférieurs pour les femmes et à une pauvreté spécifique au genre lorsqu’elles vieillissent.

Combler l’écart salariale : comment ?

Il faut un ensemble de mesures qui promeuvent l’accès de toutes et de tous à des emplois décents afin de combler l’écart salarial entre les sexes. Il s’agit principalement de mesures qui permettent de formaliser l’économie informelle, en rassemblant les travailleurs informels sous une protection juridique solide et en leur offrant des moyens de mieux protéger leurs intérêts.

Un aspect important de la solution est de garantir que les travailleurs jouissent du droit de s’organiser et de négocier collectivement. En promulguant des lois qui établissent des cadres complets pour l’égalité des sexes sur le lieu de travail, il est essentiel que les femmes participent aux décisions des employeurs et des syndicats.

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